Par Cyril Renard
Us et coutumes:
-Le Jeu de la Grande Main (Ishtaboli)-
Il est joué par deux équipes de dix joueurs ou plus disposant chacun d'une petite raquette de cuir détendue, à long manche: " La Grande Main " (souvent fixé à l'avant-bras), avec laquelle ils doivent attraper, porter et se passer une balle de bois de vingt centimètres de diamètre. La finalité du jeu étant de faire entrer cette balle dans les buts de l'adversaire.
A l'origine, les compétitions opposaient des familles qui désiraient prouver à leur tribu leur bon droit à propos d'un conflit d'opinion. Mais il arrive encore fréquemment que des clans, voire des tribus entières, préfèrent cette pratique à un affrontement en règle. Les équipes peuvent alors compter jusqu'à plus d'une centaine de joueur, et tous les coups, ou presque, sont permis. Les deux équipes s'affrontent sur un terrain uniquement marqué par leur buts (sorte de cylindre en écorce fermé à la base et fixé au sol) mais sans limites proprement dites (exemple: il est tout à fait possible de contourner les buts de l'adversaires, traverser un ruisseau, et surgir des bois, toujours balle en " main " pour surprendre la défense).
Le plus souvent, les joueurs choisissent en commun un site qui possède ses propres limites naturelles (une clairière dans une forêt, une prairie entre deux collines ou cours d'eau importants, un vaste plateau...).
Le jeu de la Grande Main est plus qu'un jeu ou un sport. Les Chaccopewachis le considère comme un présent de leur créateur et l'intègrent aux rituels de certaines de leurs fêtes calandaires, comme celles des semailles et des moissons, afin de se concilier avec les esprits.
-Le cheval-
A leur arrivé sur le plateau, les indiens considérèrent le cheval comme un présent des esprits. Ils l'appelèrent " Chien-Esprit " ou " Chien-Médecine " parce qu'avant de connaître le cheval, ils n'avaient eu à leur disposition qu'un seul animal de trait: le chien qu'ils attelaient à un engin rudimentaire constitué de deux longues perches entre lesquelles était tendu un filet.
Le cheval des plaines d'Amérindia n'a rien (mis à part sa robe) du cheval mi-arabe, mi-andalou petit et râblé comme le poney d'Amérique du Nord. Il s'agit plutôt de superbes étalons aux longues pattes et à la silhouette longiligne. ils sont très rapides et leurs sabots sont plus durs que ceux de leurs homologues terrestres.
Le cheval transforma la vie des agriculteurs et des chasseurs dont il décupla la force de travail, la puissance, la mobilité, le potentiel cynégétique et guerrier. Il est généralement la propriété des hommes mais certaines femmes en possédaient également.
Montures et cavaliers doivent être particulièrement agile lors de la chasse aux bisons ou d'affrontements intertribaux. Les raids lancés pour voler des chevaux à l'ennemi devinrent un événement coutumier de la vie dans les plaines. Le jeune garçon apprends très tôt la technique équestre qui lui sera indispensable sa vie durant. Il doit savoir se laisser glisser le long du flanc d'un cheval au galop car, dans la bataille, le corps de sa monture sera son plus sûr bouclier. Alors que les femmes utilisent des selles à armature auxquelles on peut fixer un travois, chasseurs et guerriers montaient à cru ou utilisent de petites selles légères, rembourrées d'herbes ou de poils de bison. Les indiens guident leurs montures à l'aide d'une bride en cuir brut tressé qu'ils nouaient à la mâchoire inférieur du cheval.
A la fois symbole de statut social, de prestige et de richesse, il fait la fierté de la tribu toute entière. Le prix d'une épouse se paye en chevaux. Certains chefs de guerre en possède plus d'un millier, et une bande d'Irennussoïks de 200 membres peut en posséder jusqu'à 1500. Ce sont eux qui, en adaptant le wigwam à leur nouveau mode de vie, créèrent ce que les populations d'Amérindia allait appeler le tipi. Fait de perches et de peaux de bison, il est facile à monter, à démonter, à transformer en travois et à atteler à un cheval.
Semblable à un avion de combat moderne, une monture de guerre porte les signes distinctifs de sa tribu et de son cavalier ainsi que les rappels des hauts faits d'armes de ce dernier.
-Le saut des bisons-
Comme leur homologues terriens, les bisons noirs d'Amérindia ont une mauvaise vue. Cette myopie est une aubaine pour les indiens.
Choisissant un site favorable, ils attendent qu'un troupeau s'en approche puis, dissimulés sous la peau d'un prédateur, ils affolent les bisons et s'efforcent de les pousser en direction d'une ravine ou d'un précipice. Les bêtes de tête ne voient le danger qu'au dernier moment, trop tard pour infléchir leur course, et des dizaines, voire des centaines de bisons peuvent se rompre le cou en une seule fois.
Bien sûr en utilisant cette technique de chasse " à hauts rendements " les indiens tuent plus de bisons qu'il ne leur en faut. Mais les troupeaux d'Amérindia comptent plus d'une centaine de millions de têtes, et peuvent aisément supporter de tels massacres.
-Chasser avec respect-
La plupart des tribus de chasseurs-cueilleurs obéissent à un code du respect très strict vis-à-vis de leur gibier.
Au festin qui suit chasse, les Wakangishush mettent de la nourriture dans le feu pour que les esprits des animaux tués puissent se nourrir de la fumée ainsi produite. Selon eux, les animaux comprennent que les humains les chassent pour vivre et ils ne s'en offusquent pas, mais ils insistent pour être traités avec respect (un cerf blessé ou enlisé doit être nourri chaque jour jusqu'à ce qu'il puisse se tirer d'affaire tout seul). Les ours sont particulièrement susceptibles: il faut placer leurs os sur un échafaudage afin de les mettre hors de porter des charognards.
Les Irennussoiks croient qu'en coupant la tête d'un mégacérop que l'on vient de tuer on empêche son âme de souffrir. Les pêcheurs de baleines du nord du plateau, doivent tenir leur campement propre et bien rangé car les cétacés aiment l'ordre et la propreté.
-Le Potlatch-
Dans des communautés hiérarchisées où richesse et statut social vont de pair (comme celles des Satwilkilaps), les personnes de haut rang doivent en de rares occasions, faire théâtralement la preuve de leur richesse (confirmant du même coup leur rang) en la distribuant ou la détruisant en partie lors d'une cérémonie appelée " Potlatch ".
A cette occasion, un chef de maison, de clan, de village offrait à ses invités, qui se comptaient parfois par centaines, réjouissances, festin, cadeaux.
Le Potlatch est traditionnellement organisé pour marquer un rite de passage: naissance, puberté, mort et succession.
-Compétitions de Danses-
Ces compétitions ont lieu lors de certains powwows. Les participants viennent souvent de très loin pour y prendre part, et des prix en argents substantiels récompensent danseurs et batteurs de tambour.
Il en existe plusieurs catégories selon l'âge et le sexe du participant, et le style pratiqué: danse traditionnelle, danse de l'herbe, danse du châle, danse du lapin (certaines sont spécialement conçues pour être intertidales) etc...
Le costume varie en fonction du style de danse: robe, jambières et mocassins minutieusement brodés de perles, et châle à longues franges pour celle qui a préféré la danse du châle. Le " costume qui tinte " tire son nom des grelots qui le décorent, et a inspiré un style de danse.
Les juges, d'anciens champions de danse, circulent parmi les danseurs et notent la maîtrise du style, la capacité à garder le tempo et à s'immobiliser au dernier battement de tambour.
-Compter les coups-
Au cour de sa carrière, un guerrier des Plaines augmente son prestige en accumulant, en comptant des " coups ", c'est à dire des exploits accomplis sur le champs de bataille. Ces différents " coups " autorisent un guerrier à arborer des plumes d'aspect différents:
Plume peinte en rouge: blessure reçue au combat
Plume avec tache rouge: un ennemi tué
Plume raccourcie: a coupé la gorge d'un ennemi
Plume avec encoche: a coupé la gorge d'un ennemi et l'a scalpé
Plume dentelé: quatre coups accomplis
Plume au centre dégarni: cinq coups accomplis
-Les Conteurs-
Le conteur a toujours été un membre éminent des société indiennes. Souvent, son public est tenu de lui faire des cadeaux en échange de son récit: tabac, viande ou autre nourriture.
Chez les Wingashutahs, les auditeurs doivent s'allonger sur le dos afin d'être plus attentifs. Les conteurs Tsenakwas doivent commencer par aplanir le sol, et par se brosser les cheveux de leurs mains.
Parfois des chants et des prières, dans une langue inconnue de l'auditoire, précédent le récit proprement dit.
Chaque conteur a sa propre méthode et son propre style. Certains préférant demeurer assis, se contentant de jouer des inflexions de leur voix; d'autres interprètent tous les rôles, transformant leur voix et mimant les diverses actions.
-Plantes Médicinales-
Les guérisseurs indiens utilisent de temps immémoriaux une gamme très complète de produits pharmacologiques naturels. Ils tirent de l'écorce de peuplier et de saule un traitement fébrifuge, antirhumatismal et tonique. A partir des feuilles de l'hamamélis, ils préparent un astringent (sorte de réglisse liquide).
L'écorce de l'arbuste Phammus purshiana leur fournit un laxatif souverain. Diverses plantes aromatiques, telle que la sauge sont utilisées, en fumigations, inhalations ou " bains " de fumée, pour se soigner mais aussi pour se purifier. Quand à l'infusion de sauge, elle a toujours été une sorte de panacée.
-Structures sociales-
Chez les chasseurs cueilleurs comme chez les agriculteurs, les membres d'une même tribu-groupement de deux ou plusieurs familles (ou lignées) sont liés par la croyance en un ancêtre commun. Plusieurs tribus forment une " moitié ", et deux moitiés constituent un clan.
Tribus, moitiés et clans sont dépositaires des sacs de médecines communautaires (morceau de peau décoré d'étoiles peintes contenant un morceau de l'ancêtre, totem de la tribu); leurs chefs et leurs assemblées décidaient de la paix et de la guerre.
Ces structures " verticales "- lignée, famille, tribu- sont recoupées " horizontalement " parles structures de diverses " sociétés " plus ou moins secrètes: société guerrières, sociétés religieuses, société de rêveur, de conteurs, etc...
La plupart des tribus sot égalitaires et dédaignent les bien matériels, mais certaines (Satwilkilaps, Enwaddits...) sont divisées en classes sociales rigides et héréditaire, et leur aristocratie s'adonne à l'accumulation de richesses. Cependant, la générosité reste l'une des vertus cardinales, et l'un des plus sûr garant de la survie de leurs communautés. Des cérémonies périodiques de distribution de dons ou de redistribution des richesses accumulées, dont la plus connue est le " Potlatch " (voir ci-dessus), assurent l'entraide nécessaire et l'assistance aux plus défavorisés.
Spiritualité:
-La Nature, l'environnement-
Aux yeux des Amérindiens, la nature et la spiritualité sont indissociables et interdépendantes, car un esprit réside dans toute chose. Chaque groupe possède son propre corpus de croyances qui est intimement lié à son environnement particulier, et basé sur la relation qu'un peuple entretient avec un certain climat, certains paysages, les créatures et les esprits avec lesquels il cohabite.
Les Satwilkilaps croient que quelques uns des maux les plus terribles ont pour origine le non-respect de certaines règles de conduites: Il ne faut pas, par exemple, manger la langue d'un cerf, ni faire bouillir son estomac, ni détacher la queue de la peau que l'on prépare, de crainte d'offenser l'Esprit-Cerf. Marcher sur la queue d'un serpent ou s'adosser contre un arbre frappé par la foudre peut également avoir les pires conséquences. L'interdiction d'uriner dans l'eau ou de déféquer dans les champs de maïs a une raison pratique tout à fait évidente.
A la base de la plupart des traditions indiennes du monde à étages, on trouve trois idées fondamentales:
La croyance en une divinité suprême, énergie mystique et force créatrice de la Terre-Mère et de toute chose (c'est le " Kitci-Manito " des Enwaddits et des Ojibwais, le " Wakan Tanka " des Wakangishush et des Tsenakwas, et " Akjaw Dimis " pour les autres tribus; sa toute puissance se manifeste sous la forme de phénomènes naturels, d'entités géographiques, de plantes ou d'animaux providence.)
Les êtres vivants sont les hôtes de la Terre, et les hommes sont enracinés dans cette Terre régénératrice qui leur donne vie comme elle donne vie à la plante.
Enfin, l'humain n'est pas considéré comme plus important que l'animal, le végétal ou le minéral. Tous les éléments de la création se partagent la terre à égalité, et chacun est responsable des autres.
-La Création-
Dans tous ces récits, les êtres surnaturels apparaissent sous la forme d'hommes, de femmes ou d'animaux, et dans des décors semblables au cadre de vie de la tribu concernée.
Les événements décrits s'inspirent de la vie quotidienne de ceux qui les décrivent: relations sexuelles, disputes, séparations, épreuves de force, longs et pénibles voyages, etc... Les récits se transmettent oralement, et les conteurs les recréent, les réactualisent à chaque narration.
Pour certaines tribus, le monde a été créé à partir de rien (pour les Satwilkilaps, Vent Noir fit la terre, Vent Jaune lui apporta la lumière, et " Akjaw Dimis " (le Grand Esprit) façonna le paysage et créa tout ce qui l'habite.)
D'autres croient que le monde a toujours existé, mais qu'il a commencé par être une vaste plaine unie qui connaissait une nuit éternelle, jusqu'à l'intervention du Grand Esprit.
Selon les nombreuse versions des tribus de chasseurs-cueilleurs d'Amérindia (Enwaddits, Chacopewachis et Winnebagos), la Terre était à l'origine entièrement recouverte par les eaux. Un esprit demanda successivement à plusieurs animaux de descendre au fond de la mer pour en ramener de la boue. L'un d'eux finit par réussir et la terre ferme fut formée de cette boue qu'il remonta à la surface. Le héros de ces récits, l'animal pêcheur de terre, est généralement petit et sans prétention.
Dans les récits que les tribus sédentaires, telles que les Ojibwais, les Takotitas et les Wingashutahs (qui font exception puisqu'ils restent des chasseurs), les premiers hommes, leurs ancêtres sortent de terre comme des plantes, et la lutte pour l'existence prend pour eux la forme d'une longue migration à partir d'un monde souterrain.
-La mort -
Les croyances relatives au passage de ce monde dans l'autre varient selon les tribus, mais la plupart des indiens croient qu'un homme possède au moins deux âmes: l'une est libre de toute attache et peut quitter le corps durant le sommeil, la maladie ou la transe, l'autre est comme chevillée au corps.
La première gagne immédiatement le monde des esprits après la mort. La seconde subit le même sort que l'enveloppe charnelle périssable, ou du moins reste attaché au corps pendant un certains temps.
Pour les Wingashutahs, la mort survient lorsque le souffle de la vie qui est entré à la naissance, se retire. Les morts sont craints car ils laissent derrière eux leurs défauts sous la forme d'un fantôme qui peut nuire au vivants.
Selon les Winnebagos, les personnes les plus menacées par l'éventuelle malveillance du défunt seraient ses proches, aussi les funérailles sont elles souvent conduites par une autre famille. Les morts sont placés à l'écart afin de mieux couper les liens qui les unissaient encore au monde des vivants.
Chez les Shanikotsas, on brûle l'ancienne demeure du défunt ou, si elle est encore habité, on déplace la porte et le trou de fumée pour l'empêcher de revenir. Le corps du défunt est incinéré et enterré ou, comme chez les Wakangisush, placé sur un échafaudage, face au ciel. Les esprits dits " Wanagis " (choses de l'ombre) gardent les échafaudages funéraires et s'en prennent aux vivants si les morts viennent à être dérangés.
Parce que les morts peuvent souffrir d'être séparé des vivants qui leur étaient particulièrement chers, ceux-ci s'efforçaient d'alléger leurs souffrances. Pour bien montrer au défunt à quel point il est regretté, certains de ses proches vont jusqu'à se taillader les membres ou à se couper une phalange du petit doigt. D'autres se contentent d'offrir de la nourriture pour faciliter le passage du mort dans l'autre monde.
-Rites de passage-
Dans toutes les cultures amérindienne du monde à étage, des rituels importants marquent de façon formelle les divers stades de l'existence de chaque individu: naissance, puberté, mariage et mort Les rites les plus spectaculaires marquent le passage de l'enfance à l'adolescence .
Il inclue généralement une période d'isolement physique qui concrétise le moment où l'enfant rompt les derniers liens qui l'attachent encore à l'enfance. Cette brève période d'exil est un état provisoire de " non-être ", et comprend souvent une série de test de résistance à la souffrance et aux privations. Le processus se terminait habituellement par un rite destiné à intégrer le garçon, ou la fille, à peine sortis de l'enfance, dans leur nouveau groupe d'âge.
Le rite " Nozihzho " (à dormir debout) observé par tous les jeunes Enwaddits de sexe masculin (et toutes les filles qui le désirent) prescrit quatre jours de jeûne.
Ayant trouvé un endroit isolé, le jeune garçon s'enduit la tête de glaise en l'honneur des animaux qui ont plongé au fond de la mer pour rapporter la terre nécessaire à l'acte créateur. Il prie alors " Wakoda ", le Grand Mystère, et ne doit avoir à l'esprit que des idées de bonne santé, d'exploits guerriers, de chasses fructueuses et de longue vie, mais il lui est interdit de solliciter une faveur personnelle.
A son retour au village, le jeune garçon se repose pendant quatre jours avant de demander conseil à un ancien qui a fait le même genre de rêve ou reçu le même genre de vision que lui.
Enfin, il doit trouver et tuer l'animal qui lui est apparu en rêve, et en conserver une infime partie dans son sac de médecine personnel, en guise de talisman.
Le rite Nozihzho n'est pas sans danger. Rêver de serpent est un très mauvais signe. Si un garçon rêve de lune, il doit à tout jamais abandonner l'idée de devenir un homme, adopter les façon de faire des femmes, et vivre comme un mixuga. Un mixuga s'habille en femme et garde ses cheveux longs non attachés au lieu d'en faire deux nattes. Il ne combat ni ne chasse, mais laboure, plante, récolte et se livre uniquement à des activités féminines.
-Les Festivité de sang-
Dans les plaines d'Amérindia, le principal rituel de renouveau a lieu pendant les Festivités de Sang, célébration annuelle commune à toutes les tribus.
Son but est avant tout de permettre à ceux qui y participent de renouveler leur attachement à leur communauté et à leur foi dans les esprits qui gouvernent le monde. Elle est également destinée à favoriser le retour des troupeaux de bisons. Pendant quatre jours, cérémonies et danses en rapport avec la Création se succèdent. Les danseurs s'imposent un jeûne rituel et dansent interminablement autour de l'Arbre Sacré.
Le dernier jour, certains d'entre eux vont jusqu'à s'infliger de longues tortures. Des broches passées sous les muscles superficiels de leur poitrine ou de leur dos sont reliés à l'Arbre Sacré par l'intermédiaire de lanières de cuir. Ils doivent danser le temps de vingt-quatre chants en gardant les lanières bien tendues puis, au bord de l'épuisement, s'efforcer de se libérer en déchirant leur chair.
La danse est considéré comme un succès si l'un des participants reçoit une vision au cour de son long supplice volontaire.
-Cérémonie de guérison (Yuwipi)-
Les rituels de guérison sont souvent l'affaire de toute la communauté. Le chaman fait le récit des origines du rituel pratiqué afin de capter l'attention de l'assistance et de réaffirmer la croyance du groupe dans le pouvoir qui va être mis en oeuvre.
Les participant doivent éviter toute " contamination ", par exemple avec une femme menstruée. Ils doivent être ouverts et réceptifs, car tout scepticisme de leur part peut causer l'échec de la cérémonie.
La cérémonie proprement dîtes commence de manière spectaculaire à la lumière des feux et au son des tambours.
Puis, le chaman pénètre dans la hutte du malade, s'assied auprès du feu et chante pendant près de deux heures, durant lesquelles son patient doit rester assis sans bouger. Après quoi, il y a une pause que le chaman et son assistance mettent à profit pour manger, et boire du tulpaï (une boisson fermenté à base de maïs), tandis que le patient s'efforce de demeurer éveillé.
Au petit matin, le chaman recommence à chanter, invoquant le Cerf à Queue Noire et les Gans, pour ne s'arrêter qu'au lever du jour. Alors il répand du pollen de massette sur la tête et les épaules de son patient, le frappe au front avec une poignée d'herbe, chante encore deux chants, et la cérémonie prend fin.
Les chantantes qui ont des visions Yuwipi claires et judicieuses sont particulièrement respectés.
-La Pipe Sacrée-
Elle est un des liens qui relie les indiens à leurs passé. Fumer la pipe sacrée c'est communiquer avec les ancêtres, l'ensemble de la création et le Grand Esprit lui-même; c'est revivre le moment où les esprits ont fait don de cette Pipe aux indiens.
Au temps ou les Wakangishush erraient dans la prairies, Grand Loup Blanc apparut à deux chasseurs. L'un d'eux banda son arc et fut transformé en un tas d'ossements. Impressionné, le second le conduisit auprès des siens. Il leur fit don d'une pipe au fourneau de pierre rouge, leur disant:
" N'oubliez jamais à quel point cette pipe est sacrée, et traitez-la comme telle car elle vous accompagnera jusqu'à la fin des temps. Il y aura quatre âges successifs. Je vous quitte, mais je veillerai sur votre peuple durant ces quatre âges, et je reviendrait vers vous à la fin des temps ".
Depuis ce jour , un gardien de la Pipe Sacrée, un membre de la famille Looking Horse, veille jalousement sur le présent de Grand Loup Blanc. Le gardien actuel, Sagesse de Lune Looking Horse vit avec le reste du clan dans la Forêt du Silence.
-Sociétés Secrètes-
Dans la quasi-totalité des sociétés humaines, les individus tendent à s'organiser en groupes distincts des groupes familiaux.
Chez les indiens du Monde à Etages ces regroupements prennent généralement la forme de sociétés secrètes (guerrières, religieuses, etc...). Celle-ci sont parfois liées à une tribu particulière, mais le plus souvent, elles recoupent transversalement les structures familiales. D'autre part, l'appartenance à une société secrète précise et renforce le statut social des individus.
Dans quelques tribus, la religion est plutôt une affaire personnelle, mais dans beaucoup d'autres c'est celle des sociétés religieuses, qui tiennent leur pouvoirs des esprits. Les sociétés religieuses sont un instrument de contrôle social et d'éducation de la jeunesse. Elles participent à la répartition des responsabilité civiques et des obligations religieuses. Dans certaines tribus, elles jouent même un rôle essentiel dans la conduite des affaires de la communauté. Les société de guérisseur, d'ordinaire peu puissantes (sans doute grâce aux extraordinaires propriétés régénératrices du monde à étage) sont particulièrement florissantes aux abords d'Abharhploonta.
Les Chaccopewachis redoutent les maladies et font donc grand cas des membres de ces sociétés dans lesquelles la fonction de chef est héréditaire. L'une d'elle, les Atirendas, compte environ quatre-vingt membres (dont six sont des femmes) spécialisés dans la réduction des fractures. Lors de leur danse principale, appelée otakrendoie, ils feignent de se tuer les uns les autres à l'aides de charmes: griffes d'ours, dents de tigre et de loup, et pierres taillées.
-Sports d'équipe sacrés-
Certaines société religieuses se spécialisent dans la pratique d'un jeu d'équipe; celui-ci est bien sûr un divertissement mais comme toutes les activités auxquelles se livrent les indiens, il a également une fonction sociale et religieuse.
Un des jeux les plus répandus avec le Jeu de la Grande Main consiste à transpercer un anneau ou un cerceau, fixe ou roulant sur le sol, avec une lance ou une flèche. Ce jeu est très ancien et les accessoires utilisés varient à l'infini, de même que le détail des règles et le nombre de joueurs, mais il est toujours pratiqué par deux équipes, en souvenir de l'opposition entre les hommes et les esprits.
Lorsque ce jeu est l'occasion de paris comme chez les Enwaddits, les gains sont partagés entre les membres de l'équipe gagnante.
-Art et Symbolique-
Les indiens expriment leurs activités créatrices, les liens qui les unissent à la terre sacrée, mais également aux plantes et aux animaux avec lesquelles ils la partage. Les décors et les symboles qui ornent tous les objets, de la poterie aux chaussures, fournissent à leur créateur l'occasion de réfléchir sur le monde qui les entoure, et leur rappelle sa signification profonde, religieuse et profane. Les beaux objets sont apprécié pour leur beauté même, et le talent est, traditionnellement, hautement apprécié. Comme dans toutes les autres civilisations, les créateurs les plus renommés rehausse le prestige de ceux qui les emploient. Les peaux sont peintes ou brodées (avec des perles ou des piquants de porc-épic); pierre, nacre, corne, bois, os et ivoire sont sculptés, gravés ou peints; poteries et sculptures sont aussi gravées ou peintes; les fibres végétales et animales sont tressées ou tissées. La technique employé conditionne le style des décors. Vannerie, broderies, tissage, imposent des motifs géométriques et des représentations stylisées. Peinture, sculpture et gravures se prêtent mieux au réalisme, mais celui-ci n'est pas forcément le but recherché. Les créateurs doivent respecter la tradition, mais peuvent se permettre d'innover, dans certaines limites. Leurs décors s'inspirent fréquemment de leur environnement naturel (motifs végétaux pour les tribus des forêts, animaux marins pour les tribus du bord de mer...) et de leur mythologie. Les indiens des plaines utilisent les piquants de porc-épic pour décorer leurs mocassins et les étuis contenant les pipes sacrées. Vêtements et enveloppe de tipis en peau de bison peuvent être décorés de chevaux et de bisons peint de manière réaliste, mais les décors géométriques sont les plus fréquents: cercles, rectangles, triangles. Le cercle peut symboliser la voûte céleste ou le sol du tipi mais, comme dans la plupart des cultures indigènes, le cercle est principalement le symbole du cycle éternel de la nature.
-Lexique-
Pagawanak = Esprit Tutélaire
Okata/Saokata = Guérisseurs
Atirendas = Société de guérisseurs Chaccopewachis
Midewiwin = Société de la Grande Médecine (chamanisme)
Bedagi = Gros Orage
Hohokams = disparus
Maliq'a = la gorge (le gosier)
Anasazis = Anciens
Ototeman = Totem (son frère, sa soeur)
Otakrendoiae = Danse de guérisseurs
Ishtaboli = Le jeu de la main
Wanagis = choses de l'ombre
Gan's = Esprits des roches
Piki = Galette de maïs cuite au four
Tulpaï = Boisson fermentée à base de maïs
Wakoda = Le Grand Mystère
Mixuga = Homme-femme (travestit)
T'ana = Enfant
T'ina = Fils, frère, garçon
T'una = Fille, sœur, fille (petite)
no-*/na-* = mon /notre
ne-* = ma
ma-* = ton Exemple: no-t'ana = mon enfant (sexe indéfini); na-t'ina = mon fils
me-* = ta
-Crédits-
Léo & Orso VESPERINI : " Thoan (d'après la Saga des Hommes-Dieux, de P.J.Farmer) ", Descartes
Eric NAVET: " Les indiens d'Amérique du nord ", La Documentation Française.
Michel PIQUEMAL (recueil): " Paroles Indiennes ", Albin Michel
Larry J. ZIMMERMAN: " Les Amérindiens ", Albin Michel
Angie DEBO: " Histoire des Indiens des Etats Unis ", Albin Michel
DOSSIER pour la SCIENCE, Hors Série d'octobre 97
Documentaire ARTE : " Les Américains d'Origine "
Tous ceux avec qui j'ai pu discuter sur les divers forums, pour les réponses qu'ils m'ont apporté et ceux malgrè leur planning surchargé (" Merci Catovien !").
NOTE : Il ne s'agit pas là d'un descriptif exaustif des mœurs Amérindiennes réelles mais plutôt d'une fiction qui utilise certains aspects du mode de vie indien tel qu'il fut par le passé. J'espère avoir su éviter les caricatures et capter l'essence de cette culture particulière (ce qui est déjà fort présomptueux de la part d'un non-indien…).