Retour
Aides de Jeu: Les "Portes"
Par Orso et Léonidas Vesperini
Cet article était paru dans Casus Belli dans une forme réduite, format
oblige. Le voici, pour la première fois et en exclusivité, dans son
intégralité.
" Shambarimem étudia le voisinage immédiat du cadre hexagonal métallique
qui se dressait à quelques pas de lui. Les abords exigus de l'accès qui y
menait lui faisaient pressentir qu'un piège existait en amont de la " porte
". La légère oxydation qu'il nota à une dizaine de mètres du cadre le
conforta dans cette idée. Pourtant, il allait devoir agir, car déjà, une
plainte portée par le vent descendait vers lui, émanant sans nul doute
possible de la meute d'Atzum qui le harcelait depuis quelques semaines. Le
probable piège en aval de la " porte " était peut-être plus redoutable
encore, mais contre celui-ci, il possédait une parade : un désactivateur
couplé à un transformateur de timbre de voix... "
Il n'existe rien dans tous les univers thoans d'aussi primordial et
extraordinaire que les " portes ". Liens entre tous les univers, les portes
constituent en quelque sorte la trame de l'ensemble des mondes artificiels,
désigné sous le terme de Macrovers par les Seigneurs. Le passage d'une
porte se fait en principe de la façon la plus simple qu'il soit : il suffit
d'avancer, comme si l'on passait d'une pièce à une autre, sans qu'aucune
impression particulière ne soit ressentie, si ce ne sont les éventuelles
variations climatiques existant entre le point de départ et celui
d'arrivée. Pas de malaise, ni de vertige. Rien. Cette ouverture se franchit
sans le moindre problème, à condition, bien sûr, qu'un Seigneur n'en ait
pas décidé autrement.
Mais si le principe du passage est simple, la technique sous-jacente est
bien plus complexe, et seul un joueur expérimenté ou un MJ en connaîtra les
principaux rouages. Cette maîtrise est pourtant primordiale pour les
joueurs impliqués dans des aventures multi-univers et, d'une façon plus
générale, pour tous les êtres jouant un rôle notable dans la guerre des
Thoans, ce qui constitue l'aboutissement logique d'une campagne de THOAN.
Cet article se propose d'expliquer la logique et le fonctionnement des "
portes ", afin d'ouvrir de nouvelles perspectives dans le déroulement des
aventures des PJ.
Le Macrovers
Avant de passer en revue les différents types de portes connues, essayons
de comprendre la structure qui unit l'ensemble des univers privés et le
fonctionnement des portes qui les relient entre eux.
L'ensemble des 1008 univers thoans, dans lequel évoluent les plus audacieux
personnages, constitue ce que les Seigneurs ont appelé le Macrovers. On
peut se faire une bonne idée de la structure de ce Macrovers en l'imaginant
comme un ensemble de " bulles de savon " agglomérées. Pour passer d'une "
bulle " à une autre, c'est-à-dire d'un univers thoan à un autre, il est
indispensable de passer une porte.
Quand une bulle -un univers- est en contact avec d'autres bulles,
l'ensemble ainsi formé constitue des univers dits " directement adjacents
". Les points de contact direct entre ces univers sont des portes d'un type
un peu particulier, désignées sous le terme de " failles ".
Par ailleurs, deux univers qui ne sont pas directement adjacents mais qui
sont tout de même reliés par des portes sont dits " simplement adjacents ".
D'après une théorie thoanne attribuée au Seigneur Los, les portes
parviennent à relier des univers simplement adjacents en " tordant " le
Macrovers jusqu'à mettre en contact les deux univers durant un temps
limité.
Enfin, deux univers qui ne sont reliés par aucune porte sont dits "
indirectement adjacents ". Ceci n'est évidemment jamais définitif, puisque
ces univers peuvent parfaitement devenir un jour " simplement adjacents ",
si quelqu'un décide et réussit à installer une " porte " les reliant.
Les failles
Le point de départ de la création de tous les univers thoans - à part
l'univers des Thokinas et Anthéma, le Monde du Refus, deux cas bien
particuliers d'univers adjacents - est Gardzrintrah, le monde originel des
Seigneurs. A partir de Gardzintrah, l'espace a été, à multiples reprises,
percé à " angle droit ", selon le terme consacré par les Seigneurs. Puis,
des univers ont été creusés dans le non-espace jusqu'à atteindre une taille
suffisante pour qu'un "Modeleur", fantastique machine de création de monde,
puisse y être introduit. Chacune de ces ouvertures ayant servi à créer un
univers à partir d'un autre est une faille particulière, qu'on appelle
parfois aussi " porte originelle ".
Les failles sont les seules portes à " exister " sans support matériel,
même si un appareillage est nécessaire pour les faire apparaître. Ainsi, on
peut imaginer que la Trompe de Shambarimem (objet unique capable d'ouvrir
toutes les portes dans tous les sens) puisse ouvrir une faille située par
hasard dans un endroit aussi anodin qu'un placard alors que cette faille
était inutilisée par les Thoans et dépourvue d'appareils susceptibles de
l'actionner (cf. l'introduction du 1er tome de la série, le faiseur
d'univers).
De par leur origine, les failles ne peuvent être déplacées. Certaines
d'entre elles peuvent ainsi devenir presque inaccessibles, par exemple à la
suite d'une évolution géologique, comme une éruption volcanique qui
l'enfermerait dans une gangue de pierre.
De plus, à moins d'avoir recours à un Modeleur, le nombre de failles entre
deux univers adjacent est forcément fixe. En d'autres termes, un Thoan ne
peut installer une faille entre deux univers. Toutefois, il est imaginable
et même assez courant que des portes autres que des failles soient
installées ente deux univers déjà dotés de failles.
Enfin, les failles sont les plus perméables des portes, pour la raison qui
suit. Les Thoans ont en effet observé que certains êtres humains ont la
faculté de percevoir des sensations voire des images à travers une faille
sans que celle-ci ne soit pourtant ouverte. Le plus célèbre d'entre eux est
sans nul doute un poète anglais du 18ème siècle du nom de William Blake.
Anania eut ces paroles à propos du poète :
" Ceux des Thoans qui connaissaient Blake se sont posés la même question.
Notre théorie est que Blake s'était mis, je ne sais comment, au diapason
d'un savoir qui lui a appris que des gens habitaient d'autres univers. Il
avait une grande sensibilité, peut-être neurale, peut-être issue d'un
septième sens dont nous ne savons rien. Aucun autre Terrien n'a jamais rien
eu de semblable à notre connaissance ".
Des théories ont même été élaborées par des scientifiques thoans, notamment
Orc le Rouge et Manathu Vorcyon, les seuls ayant survécu jusqu'à nos jours.
Elles tendraient à montrer qu'un certain type de malades mentaux ainsi que
des ethnies humaines particulières sensibles auraient des prédispositions
pour ce genre de perception. Par exemple, certaines visions de chamans
amérindiens auraient un rapport étroit avec les univers artificiels.
Les portes
Le terme " porte " désigne en fait tous les passages entre les différents
mondes thoans. Ainsi, si les failles sont bien des portes, toutes les
portes ne sont pas des failles.
Les portes autres que les failles permettent d'aller d'un univers
artificiel à un autre, sans que ceux-ci ne soient nécessairement
directement adjacents. Elles peuvent aussi ouvrir des passages au sein d'un
même monde, autorisant par exemple le voyage instantané d'un continent à un
autre, ou même d'une pièce à une autre. Une porte peut filtrer ou laisser
passer partiellement ou librement certains types d'énergie, selon le bon
vouloir du Thoan l'ayant installée. Par exemple, la force de gravitation
peut être bloquée mais pas les rayonnements solaires. Des univers thoans
multi-poches ont ainsi été créés : parmi ceux-ci, l'univers d'Urizen est
un bel exemple, avec son monde central et ses quatre lunes fixes et
parfaitement immobiles par rapport à lui. Chacune des lunes est en fait
incluse dans un univers de poche adapté aux dimensions de celle-ci,
filtrant les ondes gravitationnelles ou plus précisément les "gravitons"
mais laissant passer les ondes lumineuses (ce qui est indispensable pour
que les lunes puissent être vues). Les gluons, particules associées aux
forces d'interactions fortes qui maintiennent unis les nucléons
(c'est-à-dire les particules composant les noyaux atomiques), peuvent eux
aussi être filtrés : dans ce cas, la matière ne peut franchir ces portes,
alors que la lumière et la gravitation peuvent agir sur l'univers se
situant de l'autre côté de la porte.
Contrairement aux failles ces autres portes ont besoin d'un support
matériel, non seulement pour fonctionner, mais aussi pour exister. Il
s'agit en fait d'un double support, de part et d'autre du couloir
artificiel qui les relie. La porte peut être assimilée dans ce cas précis à
un mécanisme. Ainsi, si ce dernier est détruit, la porte cesse d'exister,
alors que si le support d'une faille est annihilé, celle-ci ne disparaît
pas mais ne peut simplement plus être actionnée. La nuance est surtout
importante pour l'actuel possesseur de la trompe de Shambarimem !
Par ailleurs, une telle porte est nécessairement créée à l'aide d'un
Modeleur. Les supports doivent ensuite être physiquement installés par un
Thoan aux deux endroits qui vont être ainsi mis en relation. En général,
quelques portes non encore installées traînent toujours en réserve dans la
plupart des palais thoans...
Caractéristiques fondamentales des portes
Si l'on veut savoir utiliser correctement les portes et éviter les
éventuels pièges, il faut savoir reconnaître leurs caractéristiques
fondamentales, et donc se poser les 5 questions suivantes :
- La porte est-elle fixe ou mobile ?
Si la porte est fixe, on peut distinguer quatre types différents :
1°) cadre hexagonal immobile de 1 à 5 mètres de large : il s'agit
du mécanisme le plus répandu et le plus résistant. Le cadre amont (c'est à
dire dans l'univers de départ) est obligatoirement de même dimension que le
cadre aval (dans l'univers de destination). Insensibles à toute altération,
ces cadres possèdent une Solidité de valeur 5.2 et la Force qui les
maintient immobiles par rapport au centre géométrique de leur univers de
poche possède une valeur de 6.6 ! Autant dire que même la dérive des
continent ne peut déplacer un de ces cadres ne serait-ce que d'un
micromètre. Ce type de structure convient aussi bien au failles qu'aux
autres portes. Dans le cas des failles, la taille de ces portes peut être
accrue grâce à une machine de Création/Destruction ou un Modeleur, jusqu'à
atteindre plusieurs kilomètres. Mais c'est un opération rarissime, pouvant
prendre des années et toujours liée à la création de l'univers. Enfin, la
dimension de l'ouverture coïncide exactement avec celle de l'hexagone.
2°) croissant fixe de 60 à 90 cm : un croissant est scellé en
amont, un autre l'est en aval de la porte. La Force de rappel qui maintient
chaque croissant immobile est identique à celle des cadres hexagonaux
immobiles. Toutefois, ces croissants, plus discrets, sont moins résistants
et n'ont qu'une valeur de 4.6* (tout de même !) en Solidité. Pour actionner
une des ces portes, un autre croissant ressemblant fortement au croissant
scellé est utilisé. Mais c'est en fait un objet bien différent : il s'agit
d'un " activateur " (décrit ci-après), sorte de " poignée de porte ", qui
doit être assemblé au croissant fixe afin de former un cercle. Une fois
cette opération terminée, une Force de valeur 4.2 unit croissant fixe et
croissant activateur. Toute matière se trouvant au dessus du cercle ainsi
formé, dans un cylindre de rayon égal à 6 fois la hauteur des croissants
fixes, est substituée avec tous les effets que cela peut impliquer : la
matière d'un côté s'échange avec la matière de l'autre côté de la porte. Ce
type de structure convient aussi bien aux failles qu'aux autres portes.
3°) double croissants fixes de 60 à 90 cm assemblés : une paire de
croissants formant un cercle est scellée en amont et une seconde en aval de
la porte. La Force de rappel qui maintient chaque croissant immobile est
identique à celle des cadres hexagonaux immobiles. Toutefois, ces
croissants ont aussi une valeur de 4.6* en Solidité. Pour actionner une
porte, il suffit d'exercer une force supérieure à celle de la pression
atmosphérique sur la surface du cercle. Toute matière se trouvant au
dessus, dans un cylindre de rayon égal à 6 fois la hauteur des deux
croissant fixes réunis, est alors substituée avec tous les effet que cela
peut impliquer. Ce type de structure convient aussi bien au failles qu'aux
autres portes.
4°) absence de structure matérielle : dans ce cas, il s'agit
obligatoirement d'une faille non utilisée et qui ne peut être ouverte que
grâce à la Trompe de Shambarimem. La dimension de l'ouverture peut varier
de quelques micromètres à plusieurs kilomètres, dans de très rares cas.
Si la porte est mobile, on peut distinguer deux types différents :
1°) cadres hexagonaux de 1 à 3 mètres de large : le cadre amont est
obligatoirement de même dimension que le cadre aval. Ces cadres possèdent
une Solidité de valeur 5.1 et leur Masse est de 4.1 quel que soit leur
hauteur. Ils peuvent être déplacés sans aucun effet sur leur
fonctionnement. Ce type de structure ne convient pas aux failles. De plus,
la dimension de l'ouverture coïncide exactement avec celle de l'hexagone.
2°) croissants mobiles de 60 à 90 cm : un croissant se trouve en
amont et un autre en aval de la porte. Ces croissants ont une valeur de
4.6* en Solidité. Pour actionner une de ces portes, un croissant activateur
analogue à celui utilisé pour les portes à croissants fixes est utilisé. Ce
croissant doit, lui aussi, être assemblé au croissant aval afin de former
un cercle. Une fois cette opération terminée, une Force de valeur 4.2 unit
croissant aval et croissant activateur. Toute matière se trouvant au dessus
d'un cylindre d'un rayon égal à 6 fois la hauteur des croissants est
substituée. Ce type de structure ne convient pas aux failles.
- la porte est-elle à fonctionnement permanent ?
Là encore, on distingue deux cas :
1°) portes à cadres hexagonaux : ce type de porte peut-être à
fonctionnement permanent, à déclenchement séquentiel ou encore à
déclenchement par activateur. Le libre choix est laissé au Thoan ayant
installé ce type de porte.
2°) portes à croissants : ce type de porte est obligatoirement à
déclenchement, une substitution de matière permanente et instantanée
n'ayant dans ce cas aucun sens. Les portes piégées mises à part, le
déclenchement se fait par pression, dans le cas d'une porte à double
croissants fixes, et à l'aide d'un croissant activateur, dans tous les
autres cas.
- La porte fonctionne-t-elle dans les deux sens ou est-elle uni-sens ?
Les portes de tous types peuvent être réglées pour être à double sens ou à
sens unique. Toutefois, le mécanisme qui autorise le passage d'une porte
amont vers une porte aval doit obligatoirement être réglé sur la porte
aval. Ce point est fondamental car, mis à part le possesseur de la Trompe
de Shambarimem et le Pandoogaluz d'Urizen, rien ne peut franchir une porte
si un Thoan se trouvant en aval a décidé et réussi à en interdire le sens
amont vers aval. Toutefois, si un Thoan parvient par la ruse à s'infiltrer
dans un autre univers thoan, il pourra éventuellement se retrouver en
mesure d'installer une porte dont le système de fermeture pourra être piégé
ou verrouillé par un code ou par un verrou inter-univers, couplé à un
détecteur de masse. Ainsi, des univers ne possédant qu'une porte unique,
qui est obligatoirement une faille dans ce cas, peuvent s'isoler du reste
du Macrovers. Par exemple, le fameux Monde des Cavernes crée par Zazel est
resté des millénaires isolé, car l'unique porte de ce monde était réglée
uni-sens et bien sûr dans celui qui permettait de sortir de cet univers
ordinateur.
- La porte est-elle piégée en amont ?
Si la grande majorité des portes thoannes sont piégées, un très faible
nombre le sont en amont, c'est à dire avant le passage d'un utilisateur. De
plus, pour des raisons explicitées plus loin, le Thoan constructeur laisse
souvent des indices permettant de détecter si la porte est piégée et même
parfois des renseignements sur la méthode à adopter pour désamorcer le
piège.
La porte est-elle piégée en aval ?
Plus de la moitié des portes thoannes sont piégées en aval. Ces pièges,
dont l'étau se referme après le passage de l'utilisateur, sont souvent
mortels. Toutefois, un grand nombre de ces pièges ont pour simple but
d'emprisonner le voyageur téméraire. Certains pièges peuvent être
désamorcés avant le passage, mais ils nécessitent souvent un appareillage
thoan complexe.
L'installation d'une porte
Comme évoqué précédemment, l'installation du mécanisme permettant
d'actionner une porte entre un lieu amont et un lieu aval nécessite la mise
en place physique d'un cadre hexagonal, d'un croissant ou encore d'une
paire de croissants fixes de part et d'autre. Bref, pour pouvoir se rendre
instantanément sur un autre monde ou sur un autre site du même monde il est
indispensable d'y être allé au moins une fois. Pour ces opérations
d'installation, les Thoans expédièrent parfois des serviteurs humains,
androïdes ou robots pour vérifier qu'ils arrivaient en " lieu sûr ". Mais
de mauvaises surprises les attendirent après le passage de portes qu'ils
n'avait pas personnellement installées. En effet, certains serviteurs
humains furent corrompus par des Seigneurs ennemis et la logique des
androïdes entraîna parfois de véritables catastrophes (une prison dorée,
par exemple, pouvant être assimilée à un lieu sûr par les intelligences
artificielles des androïdes et autres robots).
C'est la raison pour laquelle une grande partie des thoans se rendirent
eux-même sur d'autres mondes pour y installer des portes. Bien sûr, pour
s'y rendre ils durent utiliser d'autres portes, souvent mises en place des
millénaires auparavant. Parfois, il durent avoir recours à de grands
stratagèmes pour être "invités" dans l'univers en question.
D'un point de vue technique, l'installation d'une porte de type croissant
mobile est la plus rapide et ne nécessite qu'une à six minutes de
programmation de chaque côté de la porte. Un laps de temps de plusieurs
jours est en revanche nécessaire pour la mise en place d'une porte à cadres
hexagonaux mobiles. Le Thoan doit ensuite obligatoirement préciser si la
porte est à fonctionnement permanent ou à déclenchement (à l'aide d'un code
vocal, d'un activateur ou par stimulus comme une pression à exercer sur
l'objet). Rappelons que les portes à croissants sont toujours à
déclenchement.
La détection d'une porte
Dans la grande majorité des cas, l'emplacement d'une porte ou son
activation ne peut être détectée qu'à l'aide des appareillages sophistiqués
qui équipent les palais thoans. Seuls les Thokinas ont mis au point des
appareils portables capables de déceler à distance des portes, voire de
donner des indications sur les dernières utilisations des portes détectées.
Certains de ces appareils, très rares, sont encore en possession de
quelques Thoans privilégiés, comme Manathu Vorcyon ou Orc le Rouge.
Les accessoires
Si l'on exclut les pièges, innombrables, il existe 3 accessoires courants
associés aux portes, dont certains sont même indispensables pour le bon
fonctionnement de celles-ci. Ces accessoires intéresseront fortement les
joueurs. Leur possession peut faire l'objet d'un scénario.
Tout d'abord, il y a l'activateur, parfois qualifié de " poignée ", dont le
rôle principal est de mettre sous tension, en quelque sorte, une porte
inactive. On distingue trois objets pouvant être classés dans la famille
des activateurs :
- l'activateur par code vocal : intégré dans le système de la porte à cadre
hexagonal, il enclenche l'ouverture de la porte si le code vocal est
analysé comme juste. Pour certains activateurs vocaux, il suffit de
prononcer le bon mot, pour d'autres, le timbre vocal doit également
correspondre à celui du propriétaire. L'appareil peut évidemment être
couplé à un piège pour sanctionner un code vocal erroné. Enfin, la durée de
l'ouverture est réglée par le Thoan lors de l'installation de la porte. Le
cas le plus courant est une ouverture qui dure six secondes après
activation.
- Le croissant activateur : il s'agit d'un croissant de même forme et de
mêmes dimensions que la porte qu'il doit déclencher (porte à croissant
unique, fixe ou mobile). Au moment où s'opère la substitution moléculaire,
le croissant fait le voyage avec son propriétaire. Des croissants
activateurs factices et piégés ont été créés, mais en général, les
véritables croissants activateurs ne sont ni piégés, ni dotés d'un
activateur par code vocal.
- Le disque activateur : c'est un petit disque de 3 cm environ aux couleurs
chatoyantes, qui possède plusieurs fonctions. Avant toute chose, il est
capable d'activer toutes les portes auxquelles il a été couplé. L'ouverture
se fait alors facilement et rapidement, et le Thoan n'a pas à mémoriser des
codes vocaux qu'il pourrait finir par oublier, après quelques dizaines
d'années. De même que pour les activateurs à codes vocaux, la durée
d'ouverture est réglée par le Thoan lors de l'installation de la porte. Le
cas le plus courant est une ouverture d'une durée de six secondes après
activation. De plus, ce disque est capable d'indiquer si une des portes
avec lesquelles il a été couplé est piégée ou non. L'intensité du danger
évalué est alors signalée par un changement de couleur du disque. Enfin, ce
type d'activateur peut être piégé, ou protégé lui-même par un activateur à
code vocal. Mais le cas est rare, car l'outil perdrait alors tout son côté
pratique. Ce type d'activateur est très utilisé par les Thoans pour le
déclenchement des portes à cadre hexagonal de leurs palais.
En second lieu, il existe des désactivateurs, qui ont la forme de petits
cylindres colorés de 10 cm de long. Les désactivateurs ont pour rôle de
mettre hors service des pièges en amont de la porte, voire en aval. Si des
pièges ne pouvant être mis hors service sont recensés, le désactivateur
l'indique par un changement de couleur. De la même façon qu'avec le disque
activateur, il peut être piégé, ou protégé lui-même par un activateur à
code vocal.
Enfin, les verrous jouent eux-aussi parfois un grand rôle. Outre les
verrous classiques - de Solidité 4.6 - qui bloquent physiquement
l'utilisation d'un objet, il existe des verrous inter-univers. Une fois
installés sur une porte de n'importe quel type, ils peuvent interdire le
franchissement d'une porte dans l'un ou l'autre des deux sens, ou même dans
les deux. Le verrouillage est cependant à durée limitée dans le temps et
n'excède jamais une vingtaine d'heures. Certains de ces verrous
inter-univers sont à effet différé, ce qui peut permettre de tromper des
observateurs persuadés à tort du verrouillage d'une porte.
Le franchissement d'une porte et les pièges
Franchir une porte est souvent synonyme de flirter avec la mort. Pourtant,
c'est le destin à plus ou moins long terme de tous les personnages
impliqués dans les guerres thoannes.
Un nom est à jamais associé au passage hasardeux des portes : c'est celui
de Shambarimem, le grand savant. En effet, aucun être vivant n'a franchi
autant de portes débouchant sur d'autres univers que cet illustre Thoan.
C'est sans doute lui qui est à l'origine du fameux " code du défaut
implicite ", sorte de règle de jeu mortel auquel s'adonnent les Seigneurs
des univers de poche. Il pend comme axiome que par principe, il existe
toujours un défaut dans tous les pièges posés par les Thoans, ainsi qu'une
sortie dans toutes les prisons. Mais on est en droit de se demander
pourquoi.
L'imperfection des pièges découle sans doute de diverses sources, parmi
lesquelles : l'oubli de la science; la lassitude d'êtres plusieurs fois
millénaires, ayant eu un effet suicidaire par l'intermédiaire de leur
subconscient; ou encore l'extrême prudence des Thoans, qui redoutent de se
retrouver eux-mêmes pris dans leurs propres pièges et donc ne les ont pas
exemptés de tout défaut.
Ceci étant, il faut reconnaître qui l'imagination dont ont fait preuve les
Thoans dans la conception de leurs pièges est vraiment unique. Certains
d'entre eux ont été bien plus originaux et inventifs lors de l'élaboration
de ces pièges que durant la création de leur propres cosmos privés !
En pratique, on distingue trois familles de pièges thoans liés aux portes :
Pièges en amont sur une porte :
Ils consistent à piéger la porte de façon a ce que l'utilisateur soit
neutralisé avant de franchir le passage. Ces pièges sont assez peu
appréciés des Thoans, car souvent brutaux et manquant de finesse. A titre
d'exemples, on citera : la décharge électrique, qui peut être libérée à
l'approche de la porte; la barrière énergétique, qui peut interdire l'accès
de la porte à toute masse excédent 50 kg (ce qui est légèrement supérieur à
la masse normale d'une Thoanne ayant pu installer la porte); la détection
d'une masse à proximité de la porte, qui s'ouvre alors et déclenche
l'explosion d'une bombe se trouvant de l'autre côté et dont les effets
dévastateurs neutralisent le personnage situé en face du cadre hexagonal,
côté aval; la porte leurre piégée, qui peut être installée en évidence
alors que la véritable porte est dissimulée non loin; l'illusion
holographique, qui peut laisser présager qu'une porte débouche sur un site
précis alors qu'après le franchissement, la réalité est bien différente; le
gardien, un puissant androïde ou un animal, qui peuvent protéger les
environs de la porte : les androïdes, comme Dingsteth, dans le roman Plus
fort que le feu, ont certains avantages (Absence de fatigue, loyauté,
efficacité) et certains inconvénients (difficulté d'adaptation aux
situations imprévues, possibilité de les abuser). Les gardiens " organiques
" ont des avantages (capacités d'adaptation aux situations nouvelles,
ressources importantes, difficulté de les tromper) et des inconvénients
(relative fragilité par rapport aux robots, motivation à entretenir,
loyauté non inébranlable, révolte possible) opposés.
Remarque : des détecteurs de masse ou de mouvement sont souvent couplés à
tous ces types de pièges, afin de rendre conditionnelle leur mise en
service.
Piège en aval sur une porte :
Ces pièges mystérieux sont ceux qu'affectionnent le plus les Thoans. Plus
ils sont subtils et surprenants, plus leurs concepteurs en sont fiers et
éprouvent du plaisir à constater que des ennemis sont tombés dedans.
A titre d'exemple : la porte peut être à ouverture et à fermeture
séquentielle et trancher en deux un malheureux qui serait en cours de
franchissement lors de la fermeture; un dérivateur, c'est-à-dire une porte
dans la porte, peut expédier un voyageur imprudent en un lieu radicalement
différent de la destination prévisible; à moins qu'un circuit de résonance
n'opère des substitutions moléculaires à la manières des portes à
croissants, mais ce toutes les UA et dans un très un grand nombre de sites
différents : c'est en tentant de s'échapper du circuit de résonance que le
piégé risque d'être amputé d'une partie de son anatomie... Enfin, la porte
peut déboucher sur un fond sous marin, une prison ou un univers-prison.
D'autres pièges plus sobres peuvent se trouver en aval, tels un gaz toxique
ou un acide, une bombe, un réseau de lasers, ou un comité d'accueil
androïde, robot ou animal. Mais ces derniers manquent un peu de classe pour
des Thoans de l'envergure d'Orc le Rouge, de Jadawin et autre Vala.
pièges sur accessoires :
Piéger un accessoire permet parfois de venir à bout de Thoans imprudents.
Mais c'est surtout le fait que les accessoires piégés et les accessoires
leurres existent qui est intéressant pour les propriétaires potentiels des
accessoires. En effet, la crainte d'un choc électrique ou d'une explosion a
souvent eu pour effet que des Thoans délaissent des accessoires
parfaitement sains, qui les auraient pourtant prévenus voire protégés d'un
piège, et qui peuvent plus tard tomber entre les mains de PJ moins
soupçonneux. Par ailleurs, il existe des accessoires leurres qui peuvent
mettre en danger un Thoan un peu trop sûr de lui. Ainsi, un accessoire
leurre peut indiquer qu'une porte n'est pas piégée alors que c'est faux. Ou
bien l'inverse : un faux désactivateur peut simuler un désamorçage de
piège. Bref, de quoi plonger nombre de Thoans dans des abîmes de perplexité
et de paranoïa... tout comme les PJ, à plus ou moins long terme !
Quelques exceptions
Tout ce qui a été expliqué précédemment n'est en réalité pas tout à fait
exact. En effet, chaque règle à son exception.
Deux exceptions notables sont mentionnées ici, mais Manathu Vorcyon, Orc le
Rouge et quelques autres Thoans exceptionnels ou même un certain Thokinas
survivant seraient sans doute en mesure d'en mentionner quelques autres...
La Trompe de Shambarimem :
Véritable clé universelle, la Trompe de Shambarimem (unique en son genre)
est capable d'ouvrir n'importe quelle porte. L'ouverture s'effectue, que la
porte soit uni-sens, verrouillée, hexagonale ou à croissant !
Dans le cas d'une porte à cadre hexagonale, la porte reste pleinement
ouverte environ six secondes, puis se referme progressivement durant six
autres secondes. Dans le cas d'une porte à croissant unique ou à doubles
croissants fixes, la substitution moléculaire s'opère instantanément.
Inutile de rappeler que c'est sans aucun doute le plus fantastique (et le
plus convoité) de tous les accessoires thoans.
Le fonctionnement de la trompe est décrite dans la partie du livre de base
consacrée à la technologie thoanne pages 354 et 355.
Le Pandoogaluz d'Urizen :
" Tournoyante, elle flotta jusqu'au pied de son lit, au-dessus duquel elle
s'immobilisa. C'était un pandoogaluz, un antique symbole de la religion à
laquelle les Seigneurs avaient cessé de croire. En son centre brillait une
lueur blanche. De chacune de ses six branches irradiait un rayon de couleur
différente : rouge, orangé, azur, mauve, noir et jaune. Le coeur de
l'étoile palpitait comme un soleil, et les rayons, tels des dards acérés,
brûlaient ses paupières fermées. "
Les portes de la création
Le Pandoogaluz est un objet thoan rarissime dont les caractéristiques
techniques n'est pas encore fournies. Il est pratiquement indécelable par
les machines hyper sophistiquées thoannes dont regorgent les palais. Voisin
d'un hologramme en apparence, il est toutefois capable d'agir sur les ondes
électromagnétiques. La fonction du Pandoogaluz était à l'origine de pouvoir
contacter un Seigneur d'un autre univers sans que celui-ci ne puisse se
servir du messager pour retrouver " l'adresse " de l'émetteur. La
transmission des données se fait par rayonnement électromagnétique de
faible amplitude dans le cerveau du Thoan cible. Toutefois, certains vieux
Thoans dont Urizen et Orc le Rouge ont amélioré le Pandoogaluz d'origine,
le rendant susceptible de recevoir et de transmettre des informations.
Quelques modèles sont même capables de véhiculer une porte thoanne.
Néanmoins, plus des fonctions dites actives ; par opposition à la fonction
passible qui consiste à émettre un message, seront utilisées, plus
l'émetteur prendra le risque d'être repéré. Le Pandoogaluz est obligé
d'emprunter une porte pour atteindre sa destination. Et chose
extraordinaire, il est capable d'utiliser des portes à sens unique dans le
sens habituellement interdit (ce qui a fait dire à de nombreux Thoans que
le premier Pandoogaluz était l'oeuvre de Shambarimem). Toutefois, il ne
peut véhiculer de porte à double sens, ni même de porte à sens unique
ouvrable dans le sens utilisé par le Pandoogaluz pour se rendre à sa
destination.
Exemple : Urizen le Maléfique expédie un Pandoogaluz dans le palais de
Luvah, qui contient de nombreuses portes à sens unique. Le Pandoogaluz
transporte une porte. Si la porte transportée peut permettre une ouverture
dans le sens " Monde de Luvah vers Monde Urizen, elle ne peut en aucun cas
s'ouvrir dans le sens " Monde d'Urizen vers Monde de Luvah ".
Le Pandoogaluz possède sept fonctions de base :
- l'émission d'un message vocal préenregistré.
- la transmission d'un message vocal du propriétaire du Pandoogaluz en
direct.
- l'enregistrement d'une réponse.
- la réception d'un message vocal et sa transmission vers le propriétaire
du Pandoogaluz en direct.
- l'hypnose.
- le transport d'une porte.
- l'ouverture d'une porte transportée.
Si le personnage contacté par le Pandoogaluz est protégé par un écran
contre les ondes électromagnétiques, les fonctions du Pandoogaluz n'auront
aucun effet sur lui. C'est par exemple le cas d'une protection conférée par
le nuage de fumée thoan.
Par ailleurs, il est possible que certains Thoans aient tenté d'utiliser le
Pandoogaluz comme une arme directe. En effet, l'émission d'ondes
électromagnétiques permettant au Pandoogaluz de transmettre des messages
peut être en théorie amplifiée. On peut imaginer que le taux de rayonnement
puisse alors devenir dangereux pour un être humain. Toutefois, aucun Thoan
n'a réussi jusqu'à présent à amplifier suffisamment les rayons pour qu'ils
deviennent nuisibles. La principale raison est liée à la quantité
fantastique d'énergie nécessaire à l'activation et à l'utilisation d'un
Pandoogaluz. La consommation d'énergie croît de façon exponentielle avec la
puissance des rayons émis, et non de façon linéaire. Ainsi, émettre des
rayons d'une puissance telle qu'ils puissent endommager les tissus vivants
consommeraient une énergie d'un ordre de grandeur identique à celui
nécessaire à une machine de Création/Destruction ou Modeleur pour créer un
monde ! En fait, le Pandoogaluz n'a pas d'existence propre dans le monde où
il est expédié. Les scientifiques ont d'ailleurs un terme désignant la non
existence réelle du Pandoogaluz dans le monde de destination, alors qu'il
lui est possible de transmettre un message : ils disent que le Pandoogaluz
est expédié de façon " duale ". Mais une chose est sûre : pour presque tous
les Thoans actuels, l'essentiel est que cela fonctionne !
Enfin, selon les types de fonctions utilisées, un Thoan recherchant
l'univers d'origine d'un Pandoogaluz après son apparition aura un seuil de
réussite plus ou moins élevé. La recherche nécessite l'appareillage du
palais, et met à l'épreuve la compétence Technologie des Seigneurs.
Les amphichronicoles et les chronoloups :
Les amphichronicoles sont de petits bipèdes de 60 centimètres environ, dont
les pattes rappellent celles d'un kangourou. Les Chronoloups sont leurs
prédateurs, des quadrupèdes de la taille d'un renard terrestre. Ces deux
animaux sont capables d'effectuer des bonds temporels dans un rayon de
trois secondes. Cela ouvre la porte (et c'est vraiment le cas de le dire) à
tous les paradoxes temporels imaginables. Cette faculté est intimement liée
aux portes, seul phénomène permettant d'expliquer cet immense pouvoir sans
générer une entropie universelle incompatible avec la science thoanne. En
fait, il semble que ces petits animaux, sans doute les plus extraordinaires
de tous les univers thoans, soient des " portes biologiques " d'un type
inconnu de tous les Thoans, Urizen et feu Orc l'Aveugle mis à part.
Conclusion
En exploitant intelligemment toutes ces informations, le PJ peut enrichir
ses campagnes et faire entrer de plein pied ses joueurs dans les
machinations diaboliques des Thoans. Confrontés à leurs pièges tordus, les
PJ finiront peut-être par devenir eux-mêmes paranoïaques. Mais à la
différence des Thoans, les PJ ne sont pas forcément des êtres blasés et
cruels. Ils connaissent au contraire les vertus de l'amitié et surtout, ils
n'ont pas besoin de chercher un sens à leur existence. Car une fois
parvenus à maîtriser tous ces concepts, ils pourront tromper la vigilance
de leurs ennemis et deviendront progressivement capables d'atteindre les
lieux les plus convoités, comme les meilleurs univers ou les palais thoans.
En fait, ils ne seront plus très loin de devenir eux-mêmes des Seigneurs...